Je vois le ciel noir, je vois Neptune.
Les planètes dansent, tourbillonnent !
Je vois les étoiles, je vois la lune.
La lumière du soleil qui résonne !
J'entends la mélodie des comètes !
Et le silence des trous noirs.
J'entends le vide, sachansonnette !
L'univers danse au rythme des cauchemars.
Je suis dans ma chambre. J'ai froid. L'univers chante.
J'entends le requiem des étoiles mourantes !
Reliquat de somptueuses géantes
Je vois l'éternité dans ma voie lactée.
Je sens l'hypnose de sa spirale me gagner.
Je vois le vide. J'entends le noir
Je suis dans ma chambre, j'ai froid
L'univers chante pour moi.
C'est un sous bois ou coule une rivière
Tout est calme et on sent dans l'air
Une odeur de mousse, très légère
La passoire des arbres filtre le liquide soleil,
Parfois une feuille tombe, vermeille
On ferme les yeux, on entend une abeille
Mollement, une salamandre comateuse
Du haut de sa souche creuse
Observe avec envie une bonne limace juteuse
Tout est calme, tout est tranquille
On sent dans l'air le parfum d'Avril
Pendant que loin, très loin, le temps file.
Ce jour-ci, sur une plage de galet,
Etait admiré un sinistre spectacle
Echoué tel un divin miracle
Gisait la carcasse d'un noyé
L'étrange épave, vêtue de lambeaux carmins
Dévoilait boyaux et intestins
Rongés par les vagues et le sel
Et sa peau d'albatre blanchie par le gel
Chauffait le coeur des mouettes vagabondes
Tandis que crabes et algues foulaient ce paysage immonde
Proche, à l'odeur, des cloyères
Et si l'on s'approchait de ce déchet putride,
Si l'on écarte les nuées de mouche
Il verrait deux orbites vides
Et un sourire de char sur la sinistre bouche.
Partout du bleu, rien ne bouge
Rien n'importe, tout s'éloigne
Plus bas coule un jeune homme vêtu de rouge,
Qui serre une écharpe dans sa poigne
Plus profond. Les yeux bleus pâle se ferment.
Il revoit pourtant son sourire.
L'apparition s'approche, le souvenir germe
Comme au premier jour, il la revoit rire
Plus profond. Une lente torpeur s'installe
Il pleut. Sous une ombrelle, deux amoureux
Sous le manteau le coeur cavale
Timidement ils échangent un baiser, puis deux.
Plus profond. Au loin, une toute petite lueur.
Les ténèbres grandissent. Il n'a pas peur.
Les spectrent disparaissent, c'est l'heure.
Il la revoit rire.
Plus profond.
Loin du noir, loin du silence
On ouvait apercevoir avec les vagues en pleine danse
Un vieux foulard tout flétri
Plus profond, quelqu'un sourit.
Là dans la brume la bataille s'accélère
Dans sa lutte marc s'écroule dans la poussière
Consommé par une force meurtrière
Ses forces le quittent, il défaille.
Mais du désespoir jaillit la volonté.
Le jeune soldat songe à sa fille
Il se relève pour elle, il tombera pour elle
Mais par un coup de vent il chancelle
Ses ailes brisées d'une balle dans la poitrine.
Il murmure son prénom; "Eline"
Une cape, une fraise en dentelle
Pâle comme l'aurore, rosée de grâce
Une robe blanche et un regard de glace
Et sur son coeur, un paisible gel.
Un diadème de sang, des yeux de brume
Des cheveux d'Albatre, un joyau au nombril
Vos mots meurent le long de ces cils
Surplombant ses paupières comme de fragiles plumes.
Elle observe, calme et sereine
Surplombant les colonnes comme une reine,
Une nymphe rose pâle du mausolée
Scellée, à l'apogée de la beauté
Dans un grand lit, sarcophage de verre
Ou repose en paix la reine polaire.
Une jeune tête brune, rêveuse
Monte son regard tendre vers les cieux
Elle observe la lune gibbeuse
Et des étoiles briller le feu
Il apperçoit au loin Neptune
Paleur bleutée au milieu des diamants
Bijoux vacillants de leur mère la lune
Eclairant faiblement les fossés et les champs
Ou repose le roi de la nuit
D'où dorénavent il ne saurait descendre
Balayées par le vent s'en vont ses cendres.
A l'abri de l'homme, dans un petit sous-bois
Au dessus de la mare et sous le chant des oiseaux
Virevolte un papillon dans l'air chaud
Qui sans lui ne serait qu'un palais sans roi
De mille couleurs, répandant sa poudre dorée
De sa danse enchantée, une valse de toute beauté
Ses ailes, fragiles paupières
Décorent de somptueux motifs la clairière
Mis en extase par le prince des vents
Les rayons solaires pleuvent, arrêtent le temps
Et sur deux fins miroirs naissent mille étincelles
Vraie poudre de fée, cette pluie argentée
Nous badigeonne le coeur d'un sentiment; le bonheur
Et nous impose de pronomcer deux mots sacrés
La nuit dans une dense forêt
Résonnent les derniers mots de l'explorateur
Envouté dans le noir par une brève paleur
Flottant doucement au delà du marais
Emu par un étrange cortège
De petites et folles lanternes
Qu'entre les arbres à peine on discerne
En suivant les feux follets c'est l'esprit qui s'allège
Dans les ténèbres, le chant des lumières
Dans le silence dansent les lueurs
Et dans les yeux meurent les clameurs
Au delà de la forêt, au dessus d'un marais
Flotte l'âme de l'explorateur
Suivant dans la brume d'étranges clartés.